Kongress von Verona I. Affaires d’Espagne Note Bernstorffs an den preußischen Geschäftsträger in Madrid
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Dépêche du Cabinet de Berlin , adressée au Chargé d’Affaires de S. M. le Roi de Prusse à Madrid

Vérone le Friday 22. November 1822.

Au nombre des objets qui fixoient l’attention et réclamoient la sollicitude des Souverains et Cabinets réunis à Vérone , la situation de l’Espagne et ses rapports avec le reste de l’Europe ont occupé une première place. Vous connoissez l’intérêt que le Roi , notre auguste Maître, n’a jamais cessé de prendre à S. M. Catholique Ehrentitel des Königs von Spanien. et à la Nation espagnole. Cette Nation si distinguée par la loyauté et l’énergie de son caractère, illustrée par tant de siècles de gloire et de vertus, et à jamais célèbre par le noble dévouement et l’héroïque persévérance qui l’ont fait triompher des efforts ambitieux et oppressifs de l’usurpateur du Trône de France , a des titres trop anciens et trop bien fondés à l’intérêt et à l’estime de l’Europe entière pour que les Souverains puissent regarder avec indifférence les malheurs qui l’accablent et ceux dont Elle est menacée. L’événement le plus déplorable est venu subvertir les antiques bases de la Monarchie espagnole, compromettre le caractère de la nation, attaquer et empoisonner la prospérité publique dans ses premières sources. Une révolution, sortie de la révolte militaire,Zur Revolution in Spanien, die mit einem Militäraufstand am Saturday 1. January 1820 ihren Anfang nahm, vgl. Späth, Revolution in Europa, S. 117–128. a soudainement rompu tous les liens du devoir, renversé tout ordre légitime et décomposé les élémens de l’édifice social qui n’a pu tomber sans couvrir le pays entier de Ses décombres.
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On crut pouvoir remplacer cet édifice, en arrachant à un Souverain , déjà dépouillé de toute autorité réelle et de toute liberté de volonté, le rétablissement de la Constitution des Cortes de l’année 1812 Verfassung von Cádiz aus dem Jahr 1812, in Spanien wieder eingeführt 1820; vgl. Timmermann, Die „Gemäßigte Monarchie“; BFSP Bd. 6 (1819/20), S. 237–279; Brand, Schlegelmilch, Kirsch (Hgg.), Quellen. qui, confondant tous les élémens et tous les pouvoirs, ne partant que du seul principe d’une opposition permanente et légale contre le Gouvernement, devait nécessairement détruire cette autorité centrale et tutélaire, qui fait l’essence du système monarchique. L’événement n’a pas tardé à faire connoître à l’Espagne les fruits d’une aussi fatale erreur. La révolution, c’est-à-dire le déchainement de toutes les passions contre l’ancien ordre de choses, loin d’être arrêtée ou comprimée, a pris un développement aussi rapide qu’effrayant. Le Gouvernement, impuissant et paralysé, n’a plus en aucun moyen ni de faire le bien, ni d’empêcher ou d’arrêter le mal. Tous les pouvoirs se trouvant concentrés, cumulés et confondus dans une assemblée unique ; cette assemblée n’a présenté qu’un conflit d’opinions et de vues, et un froissement d’intérêts et de passions, au milieu desquels les propositions et les résolutions les plus disparates se sont constamment croisées, combattues et neutralisées. L’ascendant des funestes doctrines d’une philosophie désorganisatrice n’a pu qu’augmenter l’égarement général, jusqu’à ce que, selon la pente naturelle des choses, toutes les notions d’une saine politique fussent abandonnées pour de vaines théories et tous les sentimens de justice et de modération sacrifiés aux rêves d’une fausse liberté. Dès lors des institutions établies sous le prétexte d’offrir des garanties contre
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l’abus de l’autorité ne furent plus que des instrumens d’injustice et de violence, et un moyen de couvrir ce système tyrannique d’une apparence légale. L’on n’hésita plus à abolir sans ménagemens les droits les plus anciens et les plus sacrés, à violer les propriétés les plus légitimes et à dépouiller l’église de sa dignité, de ses prérogatives et de ses possessions. Il est permis de croire que le pouvoir despotique, exercé par une faction pour le malheur du pays, se seroit plutôt brisé entre ses mains, si les déclamations trompeuses sorties de la Tribune, les vociférations féroces des clubistes et la licence de la presse n’avoient pas comprimé l’opinion et étouffé la voix de la partie saine et raisonnable de la Nation espagnole qui, l’Europe ne l’ignore pas, en forme l’immense majorité. Mais la mesure de l’injustice a été comblée, et la patience des Espagnols fidèles paraît enfin avoir trouvé son terme. Déjà le mécontentement éclate sur tous les points du Royaume, et des provinces entières sont embrasées par le feu de la guerre civile.
Au milieu de cette cruelle agitation l’on voit le Souverain du pays réduit à une impuissance absolue, dépouillé de toute liberté d’action et de volonté, prisonnier dans Sa Capitale , séparé de tout ce qui Lui restait de serviteurs fidèles, abreuvé de dégouts et d’insultes, et exposé du jour au lendemain à des attentats dont la faction, si même elle ne les provoque pas sur lui, n’a conservé aucun moyen de le garantir. Vous, Monsieur, qui avez été témoin de l’origine
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des progrès et des résultats de la révolution de l’année 1820, Vous êtes à même de reconnoître et d’attester qu’il n’y a rien d’exagéré dans le tableau que je viens d’en tracer rapidement. Les choses en sont venues au point que les Puissances de l’Europe doivent enfin se demander quels sont aujourd’hui et quels seront désormais leurs rapports avec l’Espagne.
L’on avait pu se flatter que la maladie affreuse dont l’Espagne se trouve attaquée éprouverait des crises propres à ramener cette ancienne Monarchie à un ordre de choses compatible avec son propre bonheur et avec des rapports d’amitié et de confiance avec les autres Etats de l’Europe. Mais cet espoir se trouve jusqu’ici déçu. L’état moral de l’Espagne est aujourd’hui tel que ses relations avec les Puissances étrangères doivent nécessairement se trouver troublées ou interverties. Des doctrines subversives de tout ordre social y sont hautement prêchées et protégées. Des insultes contre les premiers Souverains de l’Europe remplissent impunément les Journaux. Les sectaires de l’Espagne font courir leurs Emissaires pour associer à leurs travaux ténébreux tout ce qu’il y a dans les pays étrangers de conspirateurs contre l’ordre public et contre l’autorité légitime. L’effet inévitable de tant de désordres se fait surtout sentir dans l’altération des rapports entre l’Espagne et la France. L’irritation qui en résulte est de nature à donner les plus justes alarmes pour la paix entre les deux Royaumes. Cette considération suffiroit pour déterminer les Puissances alliées à rompre
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le silence sur un état de choses qui d’un jour à l’autre peut compromettre la tranquillité de l’Europe.
Le Gouvernement espagnol veut-il et peut-il apporter des remèdes à des maux aussi palpables et aussi notoires ? Veut-il et peut-il prévenir ou réprimer les effets hostiles et les provocations insultantes qui résultent pour les Gouvernemens étrangers de l’attitude que la révolution lui a donnée et du système qu’elle a établi ? Nous concevons que rien ne doit être plus contraire aux intentions de Sa Majesté Catholique que de se voir placée dans une position aussi pénible envers les Souverains étrangers, mais c’est précisément parce que ce Monarque , seul organe authentique et légitime entre l’Espagne et les autres Puissances de l’Europe, se trouve privé de Sa liberté et enchainé dans Ses volontés que ces Puissances voyent Leurs rapports avec l’Espagne dénaturés et compromis. Ce n’est pas aux Cours étrangères à juger quelles institutions répondent le mieux au caractère, aux mœurs et aux besoins réels de la Nation Espagnole, mais il leur appartient indubitablement de juger des effets que des expériences de ce genre produisent par rapport à elles, et d’en laisser dépendre leurs déterminations et leur position future envers l’Espagne. Or le Roi , notre Maître, est d’opinion que, pour conserver et rasseoir sur des bases solides ses relations avec les Puissances étrangères, le Gouvernemt espagnol ne saurait faire moins que d’offrir à ces dernières des preuves non équivoques de la liberté de Sa Majesté Catholique et une garantie suffisante de Son intention et de Sa faculté d’écarter les causes de nos griefs
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et de nos trop justes inquiétudes à Son égard.
Le Roi Vous ordonne, Monsieur, de ne pas dissimuler cette opinion au Ministère espagnol, mais de lui faire lecture de la présente Dépêche, de lui en donner copie s’il Vous en témoigne le désir, et de l’inviter à s’expliquer franchement et clairement sur ce qui en fait l’objet.

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